Pour la restructuration de l’annexe agricole d’une habitation typique du Pays des Collines, l’architecte Luc Delvaux a reçu l’entière liberté du maître d’oeuvre. Une liberté qui l’a conduit inconsciemment vers des références inattendues, de la peinture gestuelle au nombre d’or, en passant par l’expérimentation de techniques ancestrales. Récit d’une réussite.
Il s’agissait de créer, dans une annexe désaffectée attenante à l’habitation, un salon avec bureau en mezzanine, un local de service, des sanitaires et le hall d’entrée principal. Pour ce nouvel espace, le maître d’oeuvre souhaitait un intérieur tout en courbes, libre ensuite à l’architecte de suivre sa propre créativité pour atteindre les objectifs qu’il s’était fixés.
Comme lorsqu’il s’adonne à la peinture gestuelle, qui favorise le geste créateur sans idée préconçue, Luc Delvaux a laissé courir sa plume pour faire naître une originalité poétique des formes tout en les voulant harmonieuses avec l’espace existant. Chaque pièce de bois originale ainsi dessinée - notamment celles qui s’intègrent à la cloison - a été réalisée par un artisan-menuisier sur base des plans grandeur nature dessinés par l’architecte.
Pour le choix des matériaux, Luc Delvaux s’est tourné vers des techniques ancestrales plus respectueuses de l’environnement. Ainsi la cloison, qui attire littéralement le regard, est composée de petits blocs de paille (stockée préalablement sur place) maçonnés à l’argile et réalisés sur place par un artisan de Wiesmes.
L’isolation des murs favorise également les matériaux sains et respectueux, au devant desquels, le roseau qui, recouvert d’un enduit argile-paille-sable lavé, révèle un excellent comportement.
Plus largement, c’est tout le chantier qui s’est inscrit dans une démarche écologique, notamment dans la gestion des déchets. C’est ainsi que la majorité des déchets a pu être recyclée ou réutilisée.
Les finitions arrondies, les essences de bois neuves et patinées, les couleurs chaudes et douces, la chaleur naturelle et l’ambiance acoustique confèrent à l’intérieur un caractère harmonieux.
En levant le regard, on constate un volume ouvert jusqu’au faîte du toit et on découvre une belle charpente, parfaitement plane. Afin de la garder intacte et surtout de la mettre en valeur, l’isolation du toit a été réalisée au-dessus de la charpente. Les tuiles en terre-cuite locale ont été ôtées, nettoyées puis réinstallées à l’identique.
La sérénité ambiante est encore amplifiée par le fait que les structures préexistantes révèlent plusieurs rectangles d’or - rectangle dont le rapport de la longueur et de la largeur est le nombre d’or, ce « principe d’harmonie universelle régissant le microcosme et le macrocosme, ou comme la clé d’une conception absolue de la beauté. » (Larousse). S’il n’est pas rare de trouver d’anciens bâtiments agricoles répondant aux critères du rectangle d’or, il est par contre difficile d’en trouver qui le déclinent autant à la perfection, comme ici.
Avec le respect du volume existant, en faisant entrer la lumière du sud-ouest, en jouant des contrastes entre ancien et nouveauté, en insistant sur les courbes, en usant de matériaux naturels, cette annexe, auparavant sans charme, déploie finalement une beauté équilibrée et intimiste en accord avec des principes philosophiques ancestraux.