Le hameau d’Ennal, proche de Vielsalm, est en quelque sorte le royaume des gîtes : la même route pour entrer et sortir, 3 rues, 1 chapelle, 1 crêperie, 50 maisons dont… 15 gîtes.
Pas trop étonnant que le propriétaire actuel, résident liégeois et amoureux de l’Ardenne, ait transformé cette ferme en mauvais état en 2 confortables gîtes. Mais n’allons pas trop vite… L’histoire commence il y a quelques années, alors que la ferme en question appartient à la centenaire du village. Suite à un coup de cœur pour cette habitation, une promesse d’achat est faite. Et quelques années plus tard, en 2009, la rénovation débute. Elle durera 4 ans.
L’état de départ est peu glorieux. 2 pièces en bas, 2 pièces en haut. Une ancienne étable et une ancienne laiterie attenantes. De l’humidité partout. Pas de salle de bain ni de wc. Pas de chauffage. On vivait décidément à la rude en Ardenne, dans le temps. Le bâtiment, construit en 3 fois, avec ses premières pierres posées vers 1840, a connu sa dernière rénovation en 1902, c’est dire s’il était temps de dépoussiérer l’existant.
Le sol composé de manière hétéroclite d’une partie en brique (l’ancienne étable), de plancher et de vieux carrelages est cassé et évacué. A la place, un terrassement de 25 cm de profondeur servira à installer un chauffage par le sol, une isolation en polyuréthane projeté, la pose du réseau de tuyaux, une chape en béton et une finition en ardoises, une matière ardennaise, s’il en est. Le plancher de l’étage n’est pas enlevé mais isolé avec 10 cm de liège et recouvert d’un nouveau plancher en douglas.
Les murs sont isolés par l’intérieur avec de la ouate de cellulose insufflée sur 14 cm d’épaisseur. La même matière sur 20 cm isole la toiture, via l’extérieur, au-dessus de la charpente traditionnelle, afin de garder celle-ci intacte et visible, comme plafond des chambres de l’étage. La paroi interne des murs extérieurs reçoit un plafonnage d’argile brute, intégrant des morceaux de paille ajoutant au côté bucolique des lieux. Les portes et certains plafonds sont peints avec des produits écologiques. Les murs intérieurs sont en pierre apparente ou en briques et en colombages et ravissent le regard par leur aspect brut et authentique.
Les châssis double vitrage sont en afzélia, laissé à leur aspect naturel. Le propriétaire les nettoie une fois par an avec une lessive spéciale pour bois, afin de leur conserver un bel état. Ils se marient à merveille avec l’encadrement des fenêtres en briques jaunes, une autre particularité de la région et une coquetterie aux accents luxueux pour l’époque.
A l’extérieur du bâtiment, la grande porte cochère est immanquable. Elle est en afzélia également, et derrière son abri, se trouve le garage qui sert aussi de local technique. Mais si on regarde vers le haut, des modifications ont eu lieu afin de gagner en espace au sein de bâtiment : « Afin de rentrer les ballots de foin, il n’y avait pas de plancher dans cette partie du bâtiment. L’idée a été la création de 2 niveaux dans ce volume. On a regagné ainsi un espace conséquent, capable d’abriter un petit appartement pour 2 personnes avec une terrasse, une entrée indépendante, et cela en plus du gîte dans le corps de logis qui peut accueillir 8 personnes. » Au total, la bâtisse propose aujourd’hui 250 m² de surface habitable.
Au niveau technique, le grand terrain a été mis à profit : une pompe à chaleur sol-eau a été installée et 400 m de tuyaux de captage de chaleur ont été enfouis. Cette installation permet de chauffer la maison via le sol en pierre du rez-de-chaussée, ou par des convecteurs à l’étage. La salle de bain et les deux douches de l’habitation profitent quant à elles, via le même réseau, d’un chauffage mural, à la chaleur bienveillante. « Ardenne touch » oblige, un poêle à bois est présent dans le séjour, mais sert surtout à réchauffer l’ambiance ; la maison bien isolée nécessite peu de chauffage.
Le propriétaire est un ingénieur en électricité, ancien indépendant dans ce domaine, puis directeur technique avant sa retraite récente. Il a réalisé l’installation électrique avec son fils. Pour éviter les champs magnétiques non désirés, il installe sur tous les circuits d’éclairage des télérupteurs bipolaires. Mais ce n’est pas tout : « Les parcours des câbles sont conçus de telle manière qu’ils ne passent pas en dessous d’un lit ou d’un fauteuil, mais au sol derrière les cloisons d’isolation des murs, ou bien dans les zones de passages. »
Les travaux s’achèvent en 2013 et la famille utilise la ferme durant 2 ans comme seconde résidence. C’est aussi un test qui permet de corriger les petits défauts et d’aménager au mieux, avec son épouse, les futurs gîtes avant location.
Aujourd’hui, le propriétaire se lance… dans une autre rénovation. Une maisonnette abandonnée depuis 100 ans faisait partie du même lot d’achat. Seuls restent les murs. « Celle-là, je la rénove dans le même esprit pour mon fils et sa petite famille. Notre objectif : la terminer pour Noël 2018… »
Type de bâtiment : Maison de vacances
Surface du bâtiment : 250 m²
Date de construction initiale : 1840
Date de rénovation de 2009 à 2013
Architecte :
Jean RENAULT 04/223 01 32
Entreprise(s) ayant collaboré au projet :
SPRL Tony Renard (gros œuvre)
Natural Construct (isolation et plafonnage argile)
DH Menuiserie (menuiseries extérieures)
Isolants utilisés et épaisseur :
Toit : Cellulose insufflée (20 cm)
Murs : Cellulose insufflée (14 cm)
Plancher :
Polyuréthane projeté (14 cm)
Liège (10 cm)
COPYRIGHT PHOTO : Ardennes-Etape